Le contenu canadien dans un monde numérique : consultation fédérale de 2016

Présentation de la Fédération canadienne des associations de bibliothèques : Novembre 2016

La Fédération canadienne des associations de bibliothèques-Canadian Federation of Library Associations (FCAB-CFLA) est heureuse de présenter les observations et les suggestions ci-après dans le cadre des consultations sur le contenu canadien dans un monde numérique.

La FCAB-CFLA est la porte-parole nationale de la communauté des bibliothèques du Canada. Elle représente des associations de bibliothèques provinciales et territoriales, ainsi que des associations sectorielles nationales et provinciales. Nous représentons des bibliothèques publiques, ainsi que des bibliothèques universitaires et de recherche, tout comme les professionnels qui sont à leur service. La FCAB-CFLA existe dans le but :

  • d’accroître l’excellence des services de bibliothèque au Canada;
  • de défendre les valeurs et l’importance des bibliothèques;
  • d’influencer les politiques publiques nationales et internationales qui touchent les bibliothèques et leurs collectivités.

La FCAB-CFLA estime qu’une reconnaissance du fait que les « bibliothèques canadiennes sont des institutions culturelles qui contribuent à la promotion, au soutien et au traitement du contenu canadien dans un monde numérique » fera avancer significativement les visées du gouvernement en matière de promotion de l’innovation et de la culture canadienne. Sans les idées, les voix et les histories conservées et diffuseés par les bibliothèques et les archives, il n’y a pas de contenu canadien. Les voix les bibliothèques peuvent jouer et jouent effectivement un rôle unique dans la création et la distribution de nouveau contenu canadien. Elles sont dans une position pour constituer une force puissante encourageant l’innovation et permettant à la population canadienne d’accéder aux possibilités de créer du contenu pertinent dans un monde numérique. La déclaration ci-après « La culture canadienne dans le contexte de la mondialisation » (Affaires mondiales Canada, 1999) s’est véritablement concrétisée :

La culture est le cœur d’une nation. À mesure que s’accroît l’intégration économique des pays, ceux-ci ont besoin d’une culture nationale et de modes d’expression culturelle vigoureux pour préserver leur souveraineté et leur identité propre. Certains estiment même que la réaffirmation des cultures locales reflète l’influence de la mondialisation.

Nos livres, nos magazines, nos chansons, nos films, nos nouveaux médias et nos émissions de radio et de télévision renvoient l’image de ce que nous sommes. Les industries culturelles façonnent notre société, favorisent la compréhension mutuelle et instillent un sentiment de fierté envers notre identité nationale. Elles jouent donc un rôle essentiel et vital dans la société canadienne[1].

L’objectif d’une institution culturelle est double : permettre et soutenir la création d’une nouvelle expression culturelle, et contribuer à la préservation et à la distribution cette culture. Les bibliothèques sont uniques du fait qu’elles sont l’une des rares institutions culturelles que l’on peut trouver dans la majorité des collectivités au Canada et du fait qu’elles soutiennent l’atteinte de ces deux objectifs. Il n’y a pas de meilleurs moments que le 150e anniversaire du Canada pour examiner de quelle manière nous pouvons, en tant que pays, mieux soutenir les personnes et les institutions qui produisent et distribuent la culture canadienne et en font la promotion. Cet aspect est particulièrement appréciable en cette époque où les façons dont les gens abordent le contenu culturel changent à une vitesse qui n’a jamais été observée auparavant.

Les bibliothèques ont toujours été considérées comme des points de diffusion du contenu culturel. Elles ne sont toutefois plus que de simples centres d’archivage bien organisés. Au xxie siècle, elles font office de carrefours où les collectivités se rassemblent pour protéger et promouvoir leur culture. Dans une nation aussi diverse culturellement et vaste géographiquement que le Canada, il est essentiel, tant pour l’épanouissement des créateurs de contenu que pour celui des citoyens, de mettre en place des réseaux qui leur donnent accès au marché mondial du contenu numérique. Les bibliothèques jouent un rôle essentiel pour assurer cet accès aux Canadiennes et aux Canadiens de tous les horizons.

En tant qu’institutions, les bibliothèques permettent à tous d’avoir un accès équitable à la culture canadienne. Les archives sont essentielles à la préservation de notre mémoire collective et elles se sont montrées particulièrement indispensables dans les efforts de vérité et réconciliation. Tout en contribuant à relever les plus grands défis historiques de notre nation, les bibliothèques ont connu une croissance afin de tenir compte des meilleures possibilités du Canada. Les bibliothèques publiques et celles appuyant nos établissements d’enseignement sont une force vitale dans la structure de l’innovation.

Le rapport de Canada 2020 intitulé Vers un Canada inclusif et novateur a ciblé deux priorités en matière d’innovation : elle doit être « économiquement inclusive » et elle doit « améliore[r] l’autonomie ». Afin d’être inclusifs sur le plan économique, les bénéfices doivent être mis à la disposition de tous; c’est-à-dire que les possibilités et les avantages produits par l’innovation doivent être répartis dans l’ensemble de la population canadienne. L’une des façons d’y parvenir consiste à faire en sorte que les moyens innovateurs pour créer du contenu numérique au Canada soient soutenus et propagés par les établissements éducatifs publics, comme les bibliothèques. Ces endroits sont souvent perçus comme des lieux où les gens vont pour consulter des ressources informatives et éducatives lorsqu’ils ne savent plus où aller. Toutefois, les bibliothèques remplissent graduellement le rôle de carrefours communautaires où les personnes de tous les milieux vont non seulement pour découvrir des ressources, mais aussi pour se découvrir les uns les autres. L’inclusion économique vise essentiellement à établir ce type de relation. Les bibliothèques créent des liens qui enrichissent l’expérience culturelle canadienne et qui amélioreront notre capacité à générer des produits culturels et des médias qui attirent l’attention du marché mondial du contenu numérique.

Afin d’améliorer l’autonomie, les bénéfices de l’innovation doivent être distribués de manière à permettre aux personnes et aux collectivités de prendre leurs propres décisions sur la façon de se servir de ces changements et sur la manière d’en profiter. Les bibliothèques, en tant que carrefours communautaires, sont bien placées pour choisir et offrir des programmes qui répondent le mieux aux besoins de leurs collectivités. Les bibliothèques s’adaptent graduellement pour ne plus être que de simples centres d’archivage du contenu et du patrimoine culturel canadiens. Elles s’adaptent aussi pour devenir des endroits où du nouveau contenu culturel est créé. Les bibliothèques sont les endroits idéaux pour la création de contenu, surtout dans un monde où la distinction entre créateurs, usagers, professionnels et amateurs s’estompe fréquemment. Le personnel des bibliothèques comporte des experts en matière de droit d’auteur et de préservation et de distribution d’information. Il peut aider les personnes qui cherchent à produire du contenu à se retrouver dans l’environnement dynamique du contenu, tant à l’échelle locale qu’internationale.

Les collectivités reconnaissent déjà que les librairies sont des ressources précieuses, non seulement pour l’information, mais pour la production de contenu et de produits numériques. De plus, la population considère que ces institutions sont des portails vers de nouveaux publics, que ce soit des personnes ou qu’il s’agisse de lieux de diffusion. Par exemple, la radio de la Canadian Broadcasting Corporation diffuse depuis la London Public Library. La bibliothèque d’Edmonton tient un atelier intitulé « Tech Time » qui montre aux participants la manière de mieux utiliser les appareils qui leur permettent de communiquer entre eux et avec le reste du monde. La bibliothèque publique de Toronto dispose d’une presse à imprimer et offre des services d’impression sur demande à tous les créateurs de contenu dans cette ville. La Bibliothèque centrale d’Halifax héberge le Media Studio, un espace de création qui permet à la population d’enregistrer de la musique, de procéder au montage sonore et vidéo, et d’éditer des images grâce à des logiciels et de l’équipement de niveau professionnel, avec l’aide d’experts de la collectivité qui offrent des séances de formation individuelle. Ce programme s’adresse à tous.
Les bibliothèques sont déjà actives dans le « monde numérique ». De nombreux représentants de la génération du millénaire, qui représentent dorénavant le segment le plus important de la population active canadienne, ont navigué sur le Web pour la première fois dans des bibliothèques. Les bibliothèques, qui sont parmi les premières à avoir adopté les technologies Internet, sont devenues, au cours des vingt dernières années, des catalyseurs de la production de contenu. Ces institutions sont des pionnières en matière de soutien aux créateurs, à la programmation, à l’élaboration de multimédia collaboratif, à l’intégration de la culture et des arts, à l’accès en ligne et à la formation en compétences numériques.

Les bibliothèques d’établissements d’enseignement supérieur dans les universités et les collèges jouent un rôle à part entière dans la recherche universitaire dans tous les domaines. Toutefois, leur rôle est particulièrement remarquable dans le soutien qu’elles accordent à la création de contenu dans différentes disciplines, dont les beaux-arts, et dans le soutien qu’elles accordent à la compréhension culturelle, ainsi qu’à la diffusion à l’échelle mondiale. En matière de création de contenu numérique, les bibliothèques de recherche du Canada possèdent plus de 300 revues savantes (dont plusieurs sont soutenues par des programmes de financement du gouvernement du Canada). Nous fournissons des plateformes de production de renommée mondiale, que nous continuons à améliorer, afin de permettre la production et la diffusion à l’échelle mondiale de contenu savant canadien.

La FCAB-CFLA recommande que les stratégies ci-après soient adoptées afin de permettre aux bibliothèques de soutenir cette priorité du gouvernement :

  1. Renforcer l’infrastructure des bibliothèques destinée à héberger le contenu numérique et à fournir l’accès à ce contenu, particulièrement aux Canadiens et aux Canadiennes qui ne possèdent pas d’appareils mobiles ni d’autres types d’appareils pouvant se connecter à Internet.
  2. Investir dans les programmes des bibliothèques publiques afin d’aider la population canadienne à apprendre à créer du contenu dans un monde numérique. Ces programmes devraient être ciblés et viser particulièrement à mettre en lien les jeunes et les possibilités d’emploi.
  3. Renforcer les investissements dans Bibliothèque et Archives du Canada pour son rôle de soutien au Gouvernement ouvert, à la Commission de vérité et réconciliation, au Dépôt légal et à la Stratégie nationale de numérisation du patrimoine documentaire.
  4. Reconnaître et financer les changements à apporter à l’espace physique des bibliothèques pour favoriser l’accès numérique, les programmes et la création.

Questions

Selon vous, à quoi ressemble un système culturel qui soutient les créateurs et qui respecte le choix des citoyens?

Sans créateur, les bibliothèques et la population qui en fait usage n’auraient pas accès à l’information dont elles ont besoin ni aux interactions qu’elles souhaitent avoir. Des créateurs bénéficiant d’un solide appui permettent aux citoyens de faire des choix éclairés. L’équilibre entre les droits doit toutefois être au centre de toute solution. Sans l’accès ni la diffusion, les importants et précieux produits des créateurs canadiens ne se feront pas connaître à l’intérieur ni à l’extérieur de nos frontières.

La législation canadienne en matière de droit d’auteur a été mise à jour pour la dernière fois en 2012. Sous à la loi modernisée, un plus grand nombre de Canadiens et Canadiennes ont accès au contenu sous toutes ses formes par rapport aux anciennes moutures de la loi. La démocratisation de l’information et du contenu est essentielle au soutien de l’innovation nécessaire pour que le Canada demeure pertinent dans l’économie mondiale du savoir et sur le marché international des produits culturels. Les créateurs tirent également parti d’auditoires plus vastes. Puis, un plus grand nombre de personnes met à profit les œuvres et les découvertes de ces créateurs pour acquérir de nouvelles connaissances, pour développer de nouvelles traditions et pour créer de nouvelles formes d’art. Les progrès réalisés en matière de politiques publiques grâce à la loi de 2012 seront compromis si d’autres tentatives pour verrouiller l’information en faveur de grands éditeurs multinationaux sont entreprises. Si le Canada permet que des éléments comme des mesures techniques de protection (serrures numériques) soient de plus en plus fréquents, et si le pays continue à interdire le contournement ne portant pas atteinte au droit d’auteur, une grande partie de notre contenu numérique créatif ne sera mis qu’à la disposition des personnes disposant de ressources financières pour l’acheter. Selon un tel modèle, les créateurs perdraient des revenus considérables de même que la satisfaction de savoir que leur travail est utilisé et apprécié.

Une autre disposition de la Loi sur la modernisation du droit d’auteur qui doit absolument être préservée est le concept de l’utilisation équitable. Par ailleurs, l’éducation devrait toujours être incluse dans ses catégories. L’utilisation équitable assure l’équilibre entre, d’une part, les besoins de la population et ceux d’une société qui cherche à croître et à s’améliorer à travers la connaissance, et, d’autre part, le gagne-pain des créateurs de contenu original. En termes simples, les créateurs culturels seront mieux servis par un système qui garantit que leur contenu est accessible à toute la population canadienne.

La loi de 2012 offre un éventail de solutions qui reconnaît les besoins de la population canadienne et qui établit un équilibre entre ces besoins et la pression internationale. Des sociétés américaines ont exercés des pressions sur le gouvernement afin qu’il adopte une nouvelle durée du droit d’auteur (toute la vie de l’auteur, plus 70 ans), mais le Canada a maintenu sa propre durée, soit la vie de l’auteur plus 50 ans. Si, en tant que pays, nous permettons d’allonger cette durée (comme dans la récente menace découlant des modalités du Partenariat transpacifique), les chercheurs et les historiens n’auraient plus accès à de nombreuses œuvres qui devraient entrer dans le domaine public ni à des œuvres se trouvant entre 50 et 70 ans après la vie de leur auteur qui sont déjà dans le domaine public. Ces mesures reporteraient aussi la possession du droit d’auteur d’une génération, et pourraient créer des œuvres orphelines, dont les titulaires de droits sont inconnus ou impossibles à rejoindre, et dont le contenu ne pourrait être utilisé. Le Canada ne peut se permettre de limiter l’accès au contenu dans un monde numérique et dans une économie axée sur le savoir.

Le gouvernement s’est récemment engagé à soutenir le Traité de Marrakech; il s’agit d’une étape importante. Ce geste a créé un environnement de contenu dans lequel les Canadiennes et les Canadiens incapables de lire les imprimés ont accès à un plus grand nombre d’œuvres. Toutefois, le fait de permettre à la population ou aux représentants de convertir ces œuvres dans des formats qui sont accessibles ne va pas assez loin. Afin de respecter le choix des citoyens, il importe également de fournir du soutien financier pour faire en sorte que de nombreux titres soient adaptés dans des formats accessibles. D’autre part, les bibliothèques sont des vecteurs importants pour offrir du contenu à ces Canadiens, dont les besoins doivent être reconnus afin que ceux-ci puissent prendre part pleinement à l’économie du xxie siècle.

En cette ère de mondialisation, il importe de garantir la représentation d’un large éventail de points de vue qui respectent la diversité et le patrimoine multiculturel canadien. Pour de nombreux Néo-Canadiens, les bibliothèques et les écoles représentent des établissements où ils peuvent apprendre à mieux connaître la culture canadienne et où ils peuvent resserrer leurs liens avec le reste du monde. Les bibliothèques de toute sorte sont toutefois confrontées à des défis additionnels dans la diffusion de documents qui nuisent à leur capacité d’accomplir cette tâche et qui limitent leur capacité budgétaire à offrir des services améliorés et davantage de contenu aux citoyens. Le prix inéquitable des livres électroniques imposés par les éditeurs aux réseaux de bibliothèques en est un exemple clé. Alors que les habitudes de consommation de l’information ont changé, les formats qui devraient alimenter une plus vaste diffusion et du contenu plus abordable se font exploiter. Le contenu en formats numériques peut être beaucoup plus durable, comme il est plus facilement accessible ou prêtable. Toutefois, les conditions de prêt restrictives et la délivrance de licences excessivement coûteuses relatives aux livres électroniques amputent les budgets des institutions culturelles qui sont au cœur de la croissance du contenu numérique au Canada.

Internet libre est le fondement de la connexion du Canada avec le monde numérique et l’économie culturelle numérique. La FCAB-CFLA appuie vigoureusement la proposition de l’Association des bibliothèques de recherche du Canada à l’égard de la taxe proposée sur l’accès à Internet. Il ne serait pas dans l’intérêt des bibliothèques, ni dans celui de l’ensemble du Canada, qu’un système de réglementation d’Internet soit axé sur l’augmentation des recettes du gouvernement plutôt que sur la production de contenu et d’interconnexion.

La population canadienne a indiqué, dans une proportion de 87,7 %, qu’il est assez ou très important pour elle d’avoir accès à du contenu local. Non seulement les bibliothèques sont-elles l’endroit idéal pour accéder à du contenu local (comme des dossiers et des journaux locaux archivés numériquement, de la musique et des collections de films locaux, des œuvres d’auteurs et d’intellectuels locaux), mais, en cette ère du numérique, elles deviennent graduellement un carrefour pour mettre cette culture locale en scène, en discuter et la diffuser partout dans le monde.

De quelle manière pouvons-nous relever le défi de promouvoir la créativité canadienne à l’ère numérique?

Le gouvernement fédéral devrait reconnaître que les bibliothèques sont des institutions culturelles, il devrait souligner leur importance pour la population canadienne et il devrait leur permettre d’accéder au financement prévu pour le soutien des activités culturelles au Canada. Cela renforcera la capacité des bibliothèques de servir d’espace culturel dans l’ensemble du pays, plus particulièrement dans les zones rurales où on trouve peu d’institutions parallèles. Pour réussir dans un monde numérique, il est essentiel de reconnaître et transmettre la créativité que nous nourrissons. Historiquement, les bibliothèques sont l’endroit où les idées et les artefacts culturels sont partagés avec les visiteurs de partout dans le monde. Les gens de partout dans le monde peuvent dorénavant nous rendre visite en un simple clic de souris. La promotion dépend toutefois de la conservation, une tâche que les bibliothèques accomplissent particulièrement bien. Si les produits culturels exceptionnels du Canada sont reconnus, mais s’ils ne sont pas diffusés dans le reste du monde, nous sommes nettement désavantagés par rapport aux pays concurrents. Pour que cela ne produise pas, il suffit de renforcer l’infrastructure des bibliothèques destinée à héberger le contenu numérique et à fournir un meilleur accès au contenu numérique. Par exemple, la demande et les exigences en matière de largeur de bande des bibliothèques ne cessent de s’accroître. Dans L’avenir au présent : Les bibliothèques, les centres d’archives, et la mémoire collective au Canada, le comité d’experts de la Société royale du Canada recommande ce qui suit : « le gouvernement fédéral, plus précisément Industrie Canada [maintenant appelé Innovation, Sciences et Développement économique], adopte comme priorité nationale de premier plan la nécessité d’une meilleure bande passante en milieu rural. Nous faisons cette recommandation en reconnaissant pleinement que le gouvernement fédéral a augmenté ses dépenses sur des initiatives à large bande en milieu rural, mais nous sommes aussi conscients que ces initiatives ne font pas partie d’une stratégie nationale officielle. Il n’existe aucun engagement qui exige le respect de normes spécifiques dans les zones rurales. Des délais réalistes sont nécessaires pour l’offre d’une bande passante acceptable dans toutes les collectivités canadiennes. » (p. : 151)

Le Canada rivalise pour attirer les esprits les plus brillants de la recherche et des industries culturelles. Sans infrastructure adéquate dans les institutions culturelles, qu’il s’agisse de services à large bande ou d’équipement à jour et efficace, le talent créateur de partout dans le monde choisira d’autres lieux pour produire du contenu et pour assurer le mentorat et les interactions avec les personnes talentueuses au Canada. Par conséquent, le gouvernement devrait soutenir une stratégie pour renforcer notre infrastructure numérique qui constitue un élément important du soutien au contenu canadien dans un monde numérique. Le rapport de la Société royale du Canada indique : « […] mieux les lecteurs seront en mesure de répondre à leurs besoins […], mieux les bibliothécaires auront fait leur travail. Ainsi, des infrastructures, qu’on appelle parfois cyberinfrastructures, sont développées en collaboration au sein de partenariats. Dans ces entreprises que constituent les nouvelles cathédrales du savoir du monde numérique, plutôt que de considérer les utilisateurs potentiels comme de simples « usagers », il serait certainement plus approprié de prendre pleinement en compte qu’il s’agit plutôt de lecteurs ou même de personnes qui cherchent à répondre à des questions et à faire des liens entre des concepts, des objets ou des informations. Il s’agit là d’un enjeu de taille qu’il faut considérer avec sérieux. Ces « liens » que le lecteur est appelé à faire pour répondre aux questions qu’il se pose se créent souvent bien au-delà des seules publications qu’on retrouve dans les collections des bibliothèques. C’est ainsi que nous aurions tout à gagner à travailler en étroite collaboration entre les trois types d’institutions de mémoire que sont les bibliothèques, les centres d’archives et les musées. » (p. : 122) Le rapport de la Société royale du Canada prend aussi acte du fait que : « les bibliothèques collaborent entre elles au développement de collections communes de documents imprimés. À cette fin, le groupe recommande que les vice-recteurs principaux du Regroupement des universités de recherche du Canada U15 établissent et obtiennent les ressources nécessaires pour maintenir de façon durable trois à cinq centres régionaux de préservation/stockage servant de dépôts de dernières copies, au service de tous les dépôts, afin d’assurer la préservation de l’héritage patrimonial analogique canadien dans son entièreté. » (p. 117)

La jeunesse représente une force exceptionnelle dans le monde largement démocratisé du contenu numérique. Peu importe si le contenu créé par les jeunes Canadiens attire l’attention du public à partir de vidéos sur YouTube, de photos ou de mèmes sur Instagram, ou de musique téléversée dans Internet, la jeunesse est à l’avant-garde de la conception de contenu numérique. Cette créativité et ces productions désinvoltes pourraient être transformées en activités créatives professionnelles; et, à cet égard, les bibliothèques jouent un rôle important pour que cela puisse se concrétiser. D’autres milieux sont également appelés à jouer un rôle. Il est toutefois nécessaire que le gouvernement vise à faire disparaître les obstacles techniques et financiers relatifs à l’achat et à l’accessibilité du contenu électronique dans les bibliothèques publiques et scolaires. Grâce à des programmes de mentorat et d’éducation, les bibliothèques sont le meilleur endroit pour canaliser l’énergie des jeunes. Ces milieux offrent aussi la possibilité de favoriser l’épanouissement des talents. Le gouvernement fédéral a donc la responsabilité d’investir dans des programmes, ainsi que dans des possibilités d’emploi pour les jeunes dans les bibliothèques publiques, afin de permettre à la population canadienne d’apprendre à concevoir du contenu dans un monde numérique.

Le nouvel environnement du contenu changement entraîne des ramifications importantes sur la configuration et la capacité physiques des bibliothèques. Auparavant, la meilleure façon de cataloguer et de classer l’information était de remplir des étagères de livres et de périodiques. La taille des collections avait d’énormes implications pour les établissements de recherche qui comptaient sur le maintien des ressources dont elles disposaient. En 2017, les bibliothèques et les personnes qui les fréquentent comptent sur différents systèmes et différentes structures pour accéder à l’information et pour l’utiliser. Il est essentiel que les gouvernements reconnaissent que le fait de favoriser la numérisation et la diffusion du contenu demande que des changements soient apportés à l’espace physique des bibliothèques afin de soutenir l’amélioration de l’accessibilité, la programmation et la création numériques. À ce titre, les bibliothèques devraient être incluses et examinées de près dans les possibilités de financement fédéral en matière d’infrastructure, surtout celles qui sont destinées à améliorer la réussite de la population canadienne dans les économies numériques et culturelles. La fonctionnalité du site Internet des bibliothèques, de l’accès à leurs collections en ligne, de même que leur capacité en matière de communication numérique devrait aussi être incluse. L’infrastructure matérielle soutenant les créateurs devrait aussi être considérée comme essentielle au fonctionnement des institutions culturelles en 2017; et devrait inclure l’impression 3‑D, les salles de travail, les presses numériques pour produire des livres, des magazines et des publications dont le tirage est plus faible. Au-delà de l’infrastructure, les bibliothèques sont des lieux propices à l’accueil de programmes de mentorat pour transmettre l’expertise des maîtres canadiens du contenu numérique. La programmation pourrait être mise en commun au sein des institutions par l’entremise de vidéodiffusion en direct afin d’ajouter une véritable portée nationale pour les auteurs, les artistes et les intellectuels canadiens.

De quelle manière pouvons-nous soutenir les artistes, les créateurs de contenu et les entrepreneurs culturels canadiens afin de créer un écosystème culturel où ils pourront s’épanouir?

Les artistes, les créateurs de contenu et les entrepreneurs culturels doivent avoir accès à des outils pour créer du contenu numérique. Les outils permettent aux créateurs de transformer leurs idées en contenu et en produits numériques. Des moyens pour diffuser ce contenu, un accès à une communauté culturelle soutenant l’essor artistique des créateurs et une voie pour faire connaître leur travail sont essentiels à leur prospérité dans l’écosystème culturel canadien au Canada et à l’étranger. Les créateurs doivent avoir la chance d’acquérir de nouvelles aptitudes et d’utiliser de l’équipement qui leur permettra de produire du contenu à faible coût. La valeur des subsides et des subventions est indéniable. Toutefois, les artistes doivent avoir les moyens de s’épanouir sans recevoir directement de l’aide financière.

Les bibliothèques canadiennes :

  • agissent en tant qu’incubateur pour la production de contenu canadien; Les créateurs ont recours aux bibliothèques pour mener des recherches, et pour expérimenter avec de nouvelles plateformes et technologies;
  • font la promotion du contenu canadien en collaborant avec des fournisseurs de ressources électroniques pour faire en sorte que le contenu canadien soit accessible dans les bibliothèques publiques, scolaires et universitaires au Canada et en offrant une vitrine publique aux créateurs grâce à leurs programmes qui comprennent notamment des conférences d’auteurs, des programmes de résidences pour les écrivains et des séries de films;
  • favorisent la citoyenneté numérique – ce n’est pas tout le monde qui possède les aptitudes pour accéder facilement au contenu numérique. La façon dont nous produisons du contenu numérique et dont nous utilisons les nouvelles technologies est en constante évolution. Les bibliothèques offrent de la formation sur les nouvelles technologies, dont des ateliers sur la programmation, sur les programmes à l’intention des créateurs, sur les écrans verts, sur le jeu, sur la production sonore et numérique. Par ailleurs, les bibliothèques sont souvent le seul point d’accès à Internet haute vitesse gratuit dans une collectivité donnée.

Par conséquent, nous recommandons au gouvernement du Canada de mettre les stratégies indiquées ci-dessus en œuvre afin d’appuyer ces objectifs. Les créateurs n’obtiendront pas de succès si le public ne peut pas interagir avec leur œuvre, et s’il ne peut voir ni apprécier leur travail. Les bibliothèques offrent un plus vaste public à tous les créateurs et permettent de faire connaître les contributions canadiennes dans le domaine de la littérature, de la musique, du cinéma et des autres médias numériques. Les bibliothèques établissent des auditoires pour les créateurs.

[1]      http://www.international.gc.ca/trade-agreements-accords-commerciaux/topics-domaines/ip-pi/canculture.aspx?lang=fra

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